lundi 25 mars 2024

JESUS, LE PAUVRE


 

JESUS, LE PAUVRE

 

      « Jésus dit : Permets-lui d’avoir gardé cela pour le jour de ma mise au tombeau. Car les pauvres, vous les avez toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours. » Jn 12:7-8

 

   Nous sommes peu avant le jour de la crucifixion, à Béthanie. Au cours d’un repas, une femme, Marie, profite de l’occasion pour briser un vase plein d’un parfum très précieux sur le Seigneur. Les disciples, au premier rang desquels Judas, regrettent le gaspillage d’une telle somme, arguant qu’elle aurait pu servir à faire du bien aux pauvres. En effet, la scène a des aspects choquants. Le parfum répandu représentait une somme gigantesque : 300 deniers, soit environ une année de travail d’un ouvrier. Dans les conditions de vie actuelle en Europe occidentale, cela équivaudrait à 15 000 euros environ !

 

   Plusieurs interrogations surgissent. La première concerne Jésus : pourquoi a-t-il, pour ainsi dire, « besoin » de ce parfum ? Pourquoi donne-t-il raison à Marie et non à ses disciples ? N’a-t-il pas prêché le dénuement, le renoncement, le souci pour les pauvres, la générosité ? La dernière phrase de l’épisode semble presque égocentrique : « Mais moi… » N’est-il pas le Dieu infini, autosuffisant ? En fait, il nous faut des phrases telles que celle-ci pour toucher du doigt la réalité et la profondeur de l’humanité de notre Seigneur et ce que cela lui a « coûté. » C’est pourquoi il a pleinement apprécié le geste désintéressé d’une personne qui était entrée un peu dans ce qu’il allait vivre : la mort sur la croix. Il a osé se présenter comme un « pauvre » parmi les pauvres, ayant besoin de l’affection humaine. Nous « permettons-nous » de voir Jésus ainsi ?

 

   La seconde interrogation concerne le rapport entre le religieux et le social. Trop souvent, au cours de l’histoire de l’Église, on a sottement opposé ces deux aspects, les uns insistant sur l’adoration légitime et la primauté à donner à Dieu, les autres rétorquant qu’aimer Dieu réellement passe par l’amour du prochain. Évangélisation versus adoration, humanitaire contre enseignement, le débat continue. Jésus, dans sa perfection unique, sait en deux versets rétablir l’équilibre : nous avons toujours les pauvres avec nous et nous en souvenir est le devoir permanent et inévitable des chrétiens (Ac 20:35) ; mais, au-delà de cet acte unique de Marie pendant l’incarnation de Christ, le Seigneur appréciera un geste fait par amour pour lui, désintéressé, peut-être fou à notre vue humaine rationnelle.

   Aimons donc Jésus, le pauvre, et les pauvres avec lui.


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