« Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde. » Jn 16:33
Marie Durand naît en 1715 en Ardèche dans le
petit hameau du Bouchet de Pransles.
L’Édit de Nantes d’Henri IV (1598) avait
donné quelques libertés aux réformés, et des places fortes. Mais ces libertés
se sont amenuisées et la révocation de cet édit en 1685 sonne le glas. La
persécution reprend avec son cortège d’arrestations, d’emprisonnements,
d’exécutions.
Étienne Durand, le père de Marie, est
emprisonné une première fois en 1704. Elle n’a que quatre ans quand son frère
Pierre, surpris dans une assemblée secrète à la Combe du Navalet, doit s’enfuir
en Suisse. Devenu pasteur, il revient prêcher l’Évangile dans sa région natale
au péril de sa vie. Sa famille est prise pour cible. Marie, jeune fille de 14
ans, connaît la douleur de voir son père âgé de quatre-vingts ans être arrêté
une seconde fois et emprisonné au fort de Brescou où il meurt 13 ans plus tard.
L’enfance de Marie est donc mouvementée et,
en 1730, à l’âge de 15 ans, elle est elle-même arrêtée et emprisonnée dans la
tour de Constance près d’Aigues-Mortes. En 1732 la nouvelle de l’exécution de
son frère Pierre à Montpellier lui parvient.
Avec un groupe de femmes (il y en avait
environ une trentaine en 1739), Marie reste prisonnière 38 ans dans cette tour.
Dans l’affliction, le dénuement, la misère, le froid, la promiscuité,
l’abattement de ses codétenues, les mauvaises nouvelles venant de l’extérieur,
elle persévère dans la foi jusqu’au bout comme en témoignent ses lettres.
En 1768, Marie est enfin libérée. Elle était
entrée en prison à 15 ans, c’est à 53 ans qu’elle en sort. Elle revient dans
son petit village du Bouchet de Pransles où elle vivra 8 ans. Elle connaîtra
encore bien des soucis : victime d’une injustice, elle doit contracter un
emprunt, puis sa maison est hypothéquée. Soutenue financièrement par une petite
rente de la part de chrétiens hollandais, elle leur écrit : « Je ne
vous ferai pas le détail de ma souffrance … il me suffit de vous
assurer que ma vie a été un tissu de tribulations et de persécutions qui m’ont
réduite dans l’état le plus triste de la misère. Je me suis toujours tue, parce
que le Seigneur l’a fait. Vous avez adouci mes amertumes par votre charitable
bénéficence … Au Bouchet de Pransles, le 1er août 1772 ». En
juillet 1776, « la grande libératrice », comme Marie l’appelait, la
fait entrer auprès de Jésus.
Vie sacrifiée, oui, mais triomphante par
Jésus Christ !
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